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ecriture, tradition, magistère
5 septembre 2005
le récit évangélique est-il ésotérique ?
l’art biblique de raconter devient-il ésotérique dans le nouveau testament ? [1] le récit évangélique rompt-il avec le propos qu’illustre la bible hébraïque de donner à tous accès au message en sa teneur déterminante ? prenons le cas de l’évangile de marc, qui se prête apparemment à cette critique [2]. on voit volontiers dans cet écrit un texte initiatique, lié à la catéchèse baptismale des néophytes. une consigne répétée de secret scande le récit, consigne donnée par jésus – à propos de son identité – à ceux qui le suivent ou l’approchent. un verset semble distinguer sans appel un auditoire d’initiés (insiders) du public extérieur (outsiders) : « À vous, le mystère du royaume de dieu est donné, mais pour ceux du dehors, tout devient énigme » (4,11). le récit semble impliquer un enseignement donné par la bande aux initiés en question, enseignement dont serait frustré le « grand public » : « par de nombreuses paraboles de ce genre, il leur annonçait la parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. il ne leur parlait pas sans parabole, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples » (mc 4,33-34).
remarquons d’abord que le récit de marc, loin de circuler sous le manteau, est un document éminemment public, du fait même de sa canonicité. de ce récit, on peut montrer qu’il donne accès à tout lecteur au « dossier » même qu’il constitue – il ne suppose aucunement la circulation parallèle de pièces d’information soustraites au public des lecteurs. si le jésus de marc a raconté de nombreuses paraboles, aucune autre que celles qui figurent au chapitre 4 de l’évangile n’a été jugée nécessaire à l’élucidation de la « parole » annoncée par jésus. d’autant plus que jésus a d’emblée situé dans la parabole du semeur la clé de toutes les paraboles : « vous ne comprenez pas cette parabole ! alors comment comprendrez-vous toutes les paraboles ? » (4,13). quant à l’identité de jésus, qui fait l’objet de consignes de secret à l’intérieur du récit (mais ces consignes ne portent pas au-delà de la résurrection [voir mc 9,9]), elle est annoncée au lecteur dès le liminaire du récit : « commencement de l’évangile de jésus, christ, fils de dieu » (mc 1,1). certes, tout le récit qui suit est nécessaire pour que le lecteur puisse accéder à l’intelligence de ces titres. l’identité du jésus de marc est bel et bien narrative, pour reprendre une catégorie chère à paul ricœur : « c’est une des fonctions de l’art narratif, par le jeu combiné de l’intrigue et de la caractérisation des personnages, comme on le sait depuis henry james et ses réflexions sur l’ “art de fiction”, de répondre à cette interrogation : qui ?, en dessinant ce qu’on peut appeler l’identité narrative du personnage, à savoir l’identité produite par le récit lui-même [3]. » et c’est d’ailleurs face à la révélation en acte du jésus de marc que se distinguent insiders et outsiders, dans un récit qui a en propre de jouer sur les frontières : ceux-là mêmes qui sont les mieux placés pour accéder au mystère de la personne de jésus, les disciples, se retrouvent bientôt out : « en effet, ils n’avaient rien compris à l’affaire des pains, leur cœur était endurci » (6,52). w. h. kelber discerne même dans cet évangile une polémique contre toute autorité des disciples en tant qu’autorité au sein d’un groupe ésotérique : « le retournement de rôle des disciples d’insiders en outsiders devrait avoir l’effet d’une douche froide sur les nouveaux insiders que nous sommes. lorsque nous nous estimons à l’intérieur [inside] du récit, le sort des insiders nous est rappelé […]. et se considérer en tant qu’insider est un signe sûr d’être déjà outside [4]. » loin donc de faire le jeu de logiques ésotériques, l’évangile de marc mise sur les capacités du lecteur de faire surgir l’identité de jésus de la narration tout entière : « rien n’est caché, sinon afin qu’il soit manifesté » (mc 4,22).
jean-pierre sonnet, sj.
[1] ce texte est extrait de l’article l’alliance de la lecture : la bible refuse l’ésotérisme, dans la bible sans avoir peur, lethielleux 2005, avec l’aimable autorisation de j.-fr. bouthors (dir.) et j.-p. sonnet.
[2] voir notamment meir sternberg, poetics, op.cit., pp. 48-49.
[3] paul ricœur, « le récit interprétatif. exégèse et théologie dans les récits de la passion », recherches de science religieuse 73/1 (1985) p.21.
[4] werner h. kelber, « narrative and disclosure : mechanisms of concealing, revealing, and reveiling », semeia 43 (1988) 17 ; voir aussi elizabeth s. malbon, in the company of jesus. characters in mark’s gospel, louisville, westminster, 2000, pp. 119-121.
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