mikkyo, l'ésotérisme du budo
mikkyo, l'ésotérisme du budo
mikkyo, l'ésotérisme du
budo
lorsque j'ai écrit
mon premier ouvrage de vulgarisation sur l'esprit des arts martiaux,
je l'ai tout naturellement intitulé " budo
ésotérique ". a l'époque, de nombreux pratiquants occidentaux n'ont
pas manqué de mettre en doute l'existence d'un ésotérisme au cœur du
budo. aujourd'hui les choses ont bien changé et les secrets des moines
shaolin rivalisent avec les pouvoirs mystérieux des invisibles ninjas.
business oblige. entre le mythe et l'imagination, l'ésotérisme authentique
a bien du mal à se faire comprendre, d'autant que ce mot a pris dans
l'esprit du public une connotation très péjorative. au cœur du budo,
les instructeurs européens qui stigmatisent cette réalité devraient
se tourner vers l'orient, qui depuis des milliers d'années a développé
au sein de ses religions deux systèmes de transmission de la vérité.
l'occident, plus jeune, en a du reste fait autant, même si son esprit
rationaliste s'est plus largement exprimé. ainsi chaque religion possède
son ésotérisme. le judaïsme a sa kabbale, le catholicisme sa gnose et
l'islam son soufisme. les deux systèmes peuvent être visualisés sous
la forme d'un cercle représentant la religion dans son aspect exotérique
avec en son centre un point représentant la partie secrète ou ésotérique.
si la première doctrine
est appelée exotérique, c'est parce qu'elle est diffusée intellectuellement
au plus grand nombre et ne comporte que des règles matérielles et des
recommandations psychologiques élémentaires tel que ne pas voler ou
ne pas mentir. de son côté, la doctrine ésotérique est transmise d'âme
à âme par le maître aux quelques rares disciples qui par un effort patient
et une parfaite maîtrise de leur mental et de leurs sens, par une pureté
de pensée, de parole et d'action et un esprit de renoncement aux biens
du monde, ont mérité de recevoir un enseignement de nature transcendantale,
c'est-à-dire un enseignement visant non à améliorer la condition humaine,
mais à la transmuer en vue d'une fusion définitive dans l'essence divine
dont tout homme est porteur. cette technique de contemplation impliquant
la dissolution de l'ego a toujours été réservée à quelques élus prêts
à mourir au monde d'en bas pour renaître dans celui des dieux. comme
il s'agit de pratiques qui peuvent s'avérer dangereuses pour l'équilibre
mental, les connaissances ont été protégées et maintenues dans le plus
grand secret, d'où cette notion d'ésotérisme, mot qui vient du grec
esôterikos signifiant "intérieur", afin de montrer
que ce qui est recherché n'appartient pas au monde du dehors et des
cinq sens, mais qu'il s'agit pour une âme partiellement éveillée de
communier avec son esprit et de réaliser la "soi-conscience".
dans le bouddhisme
chinois, la doctrine ésotérique est appelée la doctrine du cœur (tsung-men)
et la doctrine exotérique, celle de l'œil (kiau-men). en effet,
la première émane de l'âme et de l'esprit alors que la seconde est l'expression
du mental et de l'intellect.
les plus grands
savants admettent aujourd'hui que le christianisme a ses racines dans
l'essénisme. or cette fraternité des bords de la mer morte était une
fraternité fondamentalement ésotérique. il n'est donc pas étonnant que
le maître jésus ait eu lui aussi, un double enseignement, l'un réservé
à ses disciples et l'autre transmis aux masses par le biais d'allégories.
lui-même reconnaît qu'il ne faut pas jeter les perles aux pourceaux
! la contemplation du mystère divin, l'étape la plus élevée de l'ésotérisme,
n'a rien de comparable avec la forme d'ésotérisme inférieur concernant
le monde des pouvoirs et des énergies, mais se rapporte à l'aspect divin
de la conscience, lequel est si sacré qu'il est inconcevable qu'il puisse
être exposé sur la place publique.
au japon, ces deux
expressions de la connaissance étaient parties intégrante du taoïsme,
du shintoïsme et du bouddhisme. dans ce dernier système, la doctrine
exotérique était plutôt l'expression des six sectes bouddhistes de nara
(bouddhisme hinayana teinté de mahayana), alors que l'ésotérisme était
représenté par deux écoles : le tendai shû et surtout le shingon shû
considéré au japon comme le véhicule tantrique le plus élevé et le plus
pur qui soit. son ésotérisme est appelé en japonais mikkyo, et
c'est ce mikkyo qui a été introduit dans les techniques mentales et
spirituelles du budo.
d'une manière générale,
ce qui est exotérique est considéré comme théorique (kengyo)
et ce qui est ésotérique (mikkyo) en est l'application pratique.
pendant des siècles,
les samouraïs ont cherché comment obtenir une efficacité maximum dans
l'art du combat. ils ont vite compris que des facultés mentales comme
la concentration ou l'équanimité devant la mort, voire les facultés
psychiques comme l'intuition pouvaient faire la différence entre deux
experts techniquement aussi fort l'un que l'autre. l'aspect psychologique
du combat a donc été considéré comme d'une importance aussi grande que
les techniques du corps. c'est ainsi que les experts et les maîtres
du bujutsu se sont efforcés de dégager tout ce qui pouvait accroître
les pouvoirs psychiques " surnaturels " latents dans l'homme. ils ont
pour cela puisé dans le mikkyo du shintoïsme et du taoïsme, mais surtout
dans les techniques secrètes des yamabushis, ces ascètes de montagne
pratiquant la voie des pouvoirs (shugendo). les samouraïs ont
également emprunté les techniques secrètes du mikkyo shingon du maître
kukaï, qui fait grand cas des récitations mantriques, des gestes magiques
(mudra) et des visualisations de mandala.
dans les écoles
(ryû) traditionnelles, le mikkyo constitue encore la partie secrète
de l'enseignement (okuden) malheureusement, dans le budo moderne
l'esprit sportif et compétitif a soufflé la flamme du mikkyo. certains
instructeurs d'aïkido vont même jusqu'à nier la présence du mikkyo ou
minimiser l'importance du ki ! j'aimerais leur rappeler que le maître
morihei ueshiba, dont ils sont censés suivre l'enseignement, était un
sage et un adepte accompli, et que toute sa vie a été centrée sur la
recherche de la vérité via le mikkyo, seul sentier à pouvoir lui offrir
la réalisation de ses idéaux les plus élevés. c'est ainsi qu'il s'adonna
à l'ascétisme extrême des shugenjas de nachi et du mont kurama, qu'il
étudia le shingon et qu'il s'adonna aux pratiques très ésotériques de
la secte omoto-kyo sous la supervision de son instructeur, le révérend
onisaburo deguchi.
les anciens uchideshis
(les disciples intimes qui vivent avec le maître) de o-sensei admettent
qu'ils étaient dépassés par son enseignement. cependant, même des disciples
à l'esprit aussi rationnels que kenji tomiki, minoru mochizuki ou yoshio
sugino ont admis (souvent à regret) les phénomènes paranormaux réalisés
par o-sensei. une partie du mikkyo pratiqué par le maître concernait
la science des sons (kototama) contenue dans un ouvrage profondément
ésotérique écrit par le révérend deguchi et intitulé reikai monogatari.
cette œuvre, d'une grande profondeur par rapport aux kamis et aux moyens
de coopérer à leur dessein, a illuminé la vision et l'inspiration de
l'esprit de o-sensei et forcément de son aïkido, lequel n'est nullement
une synthèse des écoles de bujutsu qu'il étudia et pratiqua, mais l'expression
libérée de son esprit. les kamis sont omniprésents derrière toutes formes
de vie et de mouvement, c'est pourquoi dans l'ancien hombu dojo, l'autel
était surmonté d'une calligraphie peinte par le révérend deguchi et
représentait les deux grands kamis guerriers, futsunushi-no-mikoto et
takemikazuchi-no-mikoto, tous deux vénérés par le omoto-kyo ainsi que
par les écoles de sabre katori et kashima.
avant de prétendre
que le mikkyo n'existe pas en aïkido, il est impératif que celui qui
affirme une telle chose ait lu et médité ce que o-sensei a écrit dans
" les écrits de la voie " (dobun) et " le chant de la voie "
(doka). alors seulement, il sera capable d'émettre un avis éclairé
!
lorsque le feu de
la sagesse et de l'illumination grandit dans la conscience d'un homme
de la stature de o-sensei, seule l'ascèse et la science transcendantale
du mikkyo peuvent apporter l'aide nécessaire en vue de brûler les dernières
limitations de l'ego. rinjiro shirata sensei, qui entra au kobukan dojo
en 1932, fut l'un de ses principaux uchideshis. il a toujours reconnu
que o-sensei pratiquait le omoto-kyo et les principes secrets que maître
deguchi lui avait enseignés et dont il se servait comme d'un fil conducteur
pour poursuivre l'approfondissement de son art. pour o-sensei, chaque
jour était shugyo (ascèse et exercice). nous connaissons tous
les résultats stupéfiants de ses pratiques ésotériques qui se traduisirent
par cette exceptionnelle illumination, qui comme pour plusieurs autres
maîtres du passé, se manifesta à travers ce que le maître maîtrisait
le mieux, l'art du combat. on peut dire que l'expression ésotérique
de l'aïkido n'est rien d'autre que l'accès à la supra-conscience de
l'esprit. c'est là que se trouve la source de l'aïkido, sa vérité supérieure
appelée takemusu aïki par le maître, le lieu saint d'où jaillissait
spontanément des formes parfaites. ce sont ces formes que l'on nomme
aïkido, oubliant qu'elles n'en sont que l'enveloppe extérieure et non
l'essence.
pendant toute sa
vie d'instructeur, morihei ueshiba a été vénéré pour sa puissance, mais
combien l'ont aimé pour sa seule sagesse ? ses meilleurs uchideshis
ont admis qu'ils ne prenaient pas au sérieux ce qu'il enseignait à propos
de l'union de l'homme et de l'univers ou de l'existence des kamis, et
lorsqu'il entonnait les sons de vie (kototama), quelques-uns
souriaient sous cape. il en est ainsi de tous les sages et bien avant
que la lumière n'éclaire nos mentalités infantiles, ces grandes âmes
ont payé très cher l'incrédulité des masses.
on peut maintenant
se poser la question de ce que renferme le mikkyo. le sujet est trop
vaste, mais en prenant le mikkyo shingon comme exemple, on peut dire
qu'il cherche avant tout à fondre la conscience fragmentée de l'individu
dans l'universelle unité du soi. pour ce faire, le mikkyo propose une
triple pratique basée sur :
1 - kannen
: méditation sur l'un des attributs du bouddha ou du bouddhisme. ceci
est appelé " le mystère mental " (i-mitsu).
2 - shingon
: l'exacte récitation des formules mantriques (kototama). ceci
est appelé " le mystère de son propre langage " (ku-mitsu).
3 - shû-in :
la juste exécution des sceaux ou mudras. lorsque l'on met les mains
paumes l'une contre l'autre (gassho) pour prier devant l'image
du bouddha, cela est appelé " le mystère de l'action du corps " (shin-mitsu).
par ces trois mystères
(pensée-parole-action), nous exprimons le mystère du bouddha qui est
esprit, âme et corps et que l'on peut aussi traduire par volonté, amour
et intelligence divine. le budo ne peut s'exprimer en perfection qu'en
manifestant ces trois principes dans l'unité. le véritable mikkyo ne
conduit pas le pratiquant vers l'acquisition de pouvoirs comme la télépathie,
l'invisibilité, etc… mais vers le monde des vibrations les plus élevées
de l'esprit. cela n'empêche pas celui qui possède la maîtrise de son
ego d'être, en tant qu'âme libérée, à même d'utiliser pour le service
ses pouvoirs considérés comme de simples conséquences de ses pratiques
et non comme un but en soi.
maître morihei ueshiba
qui avait atteint l'illumination de la conscience et l'éveil de ses
facultés psychiques, les manifestait aux yeux de ses élèves de manière
à leur montrer qu'au-delà de la matière et de la forme concrète, il
existait une conscience indépendante et que, lorsque cette conscience
était délivrée des scories de l'égoïsme et de l'égocentrisme, elle devenait
universelle et pouvait accomplir des choses merveilleuses bien que naturelles.
voici un exemple donné par gozo shioda sensei, un esprit fort peu enclin
aux choses de l'esprit et aux élucubrations parapsychologiques. un jour,
raconte-t-il, o-sensei lui confia un éventail de fer en lui disant que
s'il arrivait à le frapper avec, il lui donnerait un diplôme d'instructeur.
quelques temps plus tard, l'occasion lui en fut donnée au cours d'un
long voyage en train. o-sensei s'était endormi depuis plus d'une heure
et shioda pensa que sa chance était enfin arrivée. avec d'infinies précautions,
il leva l'éventail, mais instantanément, les yeux du maître s'ouvrirent
et d'un air ironique il lui dit : " un kami vient de me prévenir que
shioda se préparait à me donner un coup sur la tête. tu n'étais pas
en train de manigancer quelque chose comme ça par hasard ? " ce fait
n'était pas exceptionnel et maître minoru mochizuki, que j'ai côtoyé
intimement pendant plusieurs années, admettait que malgré son esprit
rationnel, ces faits l'avaient souvent troublé dans ses convictions.
voici une autre anecdote qui montre une autre manière qu'il avait de
manifester sa maîtrise sur la matière. un jour, ses disciples lui demandèrent
de leur montrer le pouvoir de se rendre invisible à la manière des yamabushis
ou des ninjas de l'ordre le plus élevé. maître ueshiba sourit et répondit
qu'ils allaient trop souvent au cinéma. cependant, il accepta et leur
dit : " prenez vos sabres et attaquez-moi, je vais vous donner une réelle
démonstration de ninjutsu ". une dizaine d'élèves firent cercle autour
de lui. a l'instant précis de leur attaque, ils sentirent comme une
tornade d'air et l'instant d'après le maître avait disparu ! abasourdis,
ils entendirent alors o-sensei les appeler du haut de l'escalier au
premier étage. en redescendant, il les admonesta gentiment et les mit
en garde : " a chaque fois que quelqu'un utilise de telles techniques,
sa vie est réduite de cinq à dix ans ". comme on peut le constater,
le mikkyo ne peut être mis entre toutes les mains.
au cours des contacts
que les ascètes du shugendo établirent avec les chefs ninjas retirés
en montagne, certains yamabushis peu scrupuleux dévoilèrent certaines
de leurs techniques et ces derniers s'en servirent dans l'exercice de
leurs missions. c'est ainsi que des techniques occultes se répandirent
dans les écoles de bujutsu. c'est aussi de cette façon que se développa
une forme de mikkyo entièrement voué à la pratique guerrière. l'éveil
de facultés psychiques n'est pas synonyme de haute spiritualité et le
contrôle des forces et des énergies peut être utilisé pour le bien comme
pour le mal, d'où la prudence des maîtres du budo et leur opposition
à dévoiler des techniques à des gens ambitieux dont les objectifs ne
sont pas exclusivement spirituels. on peut donc dire qu'il existe deux
formes de mikkyo, une pure (jummitsu) et une " mélangée " (zômitsu).
en bref, dire que le mikkyo n'existe pas au cœur du budo serait aussi
stupide que d'affirmer qu'un homme est un simple agrégat d'atomes sans
âme. c'est un peu ce que l'on reproche à certaines orientations du budo
moderne, l'aïkido y compris. ce n'est pourtant pas ce que souhaitait
maître ueshiba ! en voici la preuve : interrogé à propos de l'aïkido
actuel, son ancien uchideshi, zenzaburo akazawa répondit ceci : " o-sensei
était une personne étonnante, c'est certain ! cependant, faute d'un
entraînement spirituel, personne n'a la moindre chance d'atteindre son
niveau. les gens qui pratiquent aujourd'hui peuvent joindre les mains
devant les kami-samas, bien peu pratiquent la méditation zen. de ce
fait, ils ne peuvent accéder, comme l'a fait o-sensei, à l'inspiration
divine ".
le mikkyo a été
la source d'inspiration des plus grands maîtres du bujutsu. c'est par
cette pratique que ces hommes purs et courageux ont été illuminés et
ont donné naissance aux grandes traditions martiales. parmi les plus
connus citons iizasa choisai ienao (1387-1488), fondateur du tenshin
shôden katori shinto ryû, kuniinazu mahito de l'école kashima, tsukahara
bokuden (1489-1571), fondateur du shinto-ryu, aïzu iko, fondateur du
kage-ryu, takenuchi nakatsukasa hisamori, muso gonnosuke, fondateur
du jodo et bien sûr, maître morihei ueshiba, fondateur de l'aïkido.
pour prendre un
exemple que je connais bien, dans notre école de sabre katori, le mikkyo
est non seulement l'âme de l'école, mais il en a conditionné la charpente
technique et cela du fait que le fondateur était un adepte de l'école
shingon et du shintoïsme du katori jingu. aujourd'hui encore, l'entrée
dans cette école ne peut se faire que par le keppan,
une signature avec son sang en vu de nous mettre sous la protection
et l'inspiration du kami futsunushi-no-mikoto, condition sine qua non
pour espérer pénétrer l'enseignement mikkyo. ce n'est pourtant qu'après
des années de misogi-keiko,
entraînement du corps et de l'esprit, que l'élève, s'il est trouvé digne,
sera discrètement dirigé vers ceux qui sont les gardiens du mikkyo de
cette tradition. ces êtres sont rares et c'est d'eux que parle maître
risuke otake, le chef instructeur de l'école, en disant : " si la totalité
de la voie a été transmise intacte génération après génération, nous
le devons non pas à une foule d'adeptes, mais à la qualité du petit
nombre d'élus ".
en écrivant ces
lignes, je ne cherche nullement à convaincre, car la foi vient du dedans.
je me suis simplement efforcé de montrer que l'ésotérisme ou mikkyo
est une voie royale, une voie de pureté spirituelle vers le centre divin.
que ceux qui sentent la nécessité de s'engager sur le sentier du retour
vers soi fassent de leur discipline martiale un norito-no-budo,
une prière en action. ils respecteront de cette façon la volonté de
o-sensei qui conseilla ceci à un disciple : " il ne faut pas négliger
ses prières ! l'aïkido n'est que cela ".
michel
coquet
vos réactions concernant cet
article :
mikkyo, l'ésotérisme du budo Précédent 151 Précédent 150 Précédent 149 Précédent 148 Précédent 147 Précédent 146 Précédent 145 Précédent 144 Précédent 143 Précédent 142 Précédent 141 Précédent 140 Précédent 139 Précédent 138 Précédent 137 Précédent 136 Précédent 135 Précédent 134 Précédent 133 Précédent 132 Précédent 131 Précédent 130 Précédent 129 Précédent 128 Précédent 127 Précédent 126 Précédent 125 Précédent 124 Précédent 123 Précédent 122 Suivant 153 Suivant 154 Suivant 155 Suivant 156 Suivant 157 Suivant 158 Suivant 159 Suivant 160 Suivant 161 Suivant 162 Suivant 163 Suivant 164 Suivant 165 Suivant 166 Suivant 167 Suivant 168 Suivant 169 Suivant 170 Suivant 171 Suivant 172 Suivant 173 Suivant 174 Suivant 175 Suivant 176 Suivant 177 Suivant 178 Suivant 179 Suivant 180 Suivant 181 Suivant 182